La Vie enfantine de La Tarentule noire, par La Tarentule noire, premier roman de Kathy Acker, écrit en 1973, fut attribué à sa publication à un auteur dénommé La Tarentule noire, personnage que Acker inventa au début des années 70 (et fit même référencer dans l’annuaire).
S’articulant autour du thème de l’identité en perpétuelle mutation, ce roman en six chapitres marque la naissance d’un auteur majeur. La narration, polyphonique et ludique, porte tour à tour la voix d’une empoisonneuse, d’une brigande, d’une catin ou d’une courtisane, mais aussi celle de Kathy Acker, ou d’auteurs puisés dans son panthéon littéraire (Violette Leduc, Alexander Trocchi, William Butler Yeats, le marquis de Sade…) Le jeu des masques, jubilatoire, permet à l’auteur de changer constamment de personnage, de langage, de sexe, d’époque… Kathy Acker pratique la confusion des genres sexués, mais aussi littéraires, du récit picaresque anglais façon XVIIe siècle au cut-up à la Burroughs.
Dans ce texte fondateur, Kathy Acker tisse avec une frénésie quasi masturbatoire la toile des thèmes qui hanteront toute son œuvre : la construction de l’identité, la hantise de l’oppression, la relation entre la sexualité et le langage, la création et le plagiat. La Vie enfantine de La Tarentule noire, par La Tarentule noire, ravit par la truculence, la spontanéité, la radicalité d’une voix poétique que la France a récemment redécouverte avec Sang et stupre au lycée.