Chez Kathy Acker, don Quichotte est une femme qui, devenue folle après avoir subi un avortement, se lance dans une formidable aventure : se faire chevalier errant et combattre les enchanteurs malins de l’Amérique moderne en poursuivant « l’idée la plus insensée que jamais femme put concevoir. C’est-à-dire, aimer. ».
Accompagnée dans sa quête d’amour par le chien saint Siméon, son Sancho Panza, elle erre dans un monde de mensonges et de faux-semblants, marqué par la brutalité des rapports entre sexes, la violence sociale, l’irrationnel religieux, l’oppression. Elle parcourt les rues de New York, de Londres, d’un Saint-Pétersbourg désolé, guerroyant contre son époque, les figures masculines historiques, mythiques, et littéraires (le Christ ; Machiavel ; Richard Nixon ; Thomas Hobbes…). Au cours de cette errance, elle cherche à découvrir son identité, à nouer des liens émotionnels et sexuels, et ce malgré les enchanteurs malins, ennemis de la libre expression, qui rendent l’amour impossible et sont ici le capitalisme ravageur, le matérialisme, la pauvreté, l’aliénation, la servilité.
Comme chez Cervantès, le roman de Kathy Acker est traversé d’autres textes. L’on y rencontre des romans d’amour courtois revus et corrigés par Acker (Lulu, Pygmalion, Les Hauts de Hurlevent, mais aussi Le Guépard, L’Histoire de Juliette…). Dans une folle explosion poétique et polyphonique, Kathy Acker pulvérise les frontières du genre littéraire (l’autobiographie devient fiction, le théâtre essai philosophique, le récit se fait poésie), travestit les canons de la littérature et emprunte à la culture populaire (Prince, Godzilla…), s’en prenant aux institutions sociales (famille, identité sexuelle, normes…) et littéraires (l’auteur, le récit, le plagiat, la fiction…).
Dans ce somptueux et magistral roman – dont nous proposons une nouvelle traduction –, qui est sans doute celui de Kathy Acker qui pose plus que tout autre la question du genre, du féminisme, et de la liberté féminine (préfigurant les problématiques queer) l’auteur, dans sa volonté rimbaldienne de briser « l’infini servage de la femme » par la poésie nous offre un texte visionnaire, drôle, fou, insolent, savant, qui figure parmi ses livres les plus reconnus, et véhicule une énergie, une vivacité époustouflantes et corrosives.
Acker est une Colette postmoderne dont l’œuvre a le pouvoir de refléter l’âme du lecteur.
William Burroughs
Il est très salutaire de lire Kathy Acker.
Le Monde
L’un des plus audacieux et des plus brillants romanciers américains de ces trente dernières années.
Los Angeles Times
Sa sensibilité à vif, son intelligence subversive, son esprit ravageur font de Kathy Acker un auteur quine ressemble à aucun autre.
New York Times