Chroniques des quais rassemble quarante-cinq « monologues » que l’auteur a recueillis sur la route, auprès de paumés, tapins, camés, fugueurs, et autres âmes perdues, puis retranscrits dans sa prose flamboyante. Si son écriture néo-beat, poétique, virtuose, porte la parole de ces « clochards célestes », l’auteur évoque également ses obsessions personnelles, que l’on avait découvertes dans Au bord du gouffre (la marginalité, l’aliénation sexuelle, la violence sociale…). David Wojnarowicz, dans ces courtes vignettes évoquant celles d’un Boccace, nous donne à voir des polaroïds des laissés-pour-compte de la société américaine qui ne sont pas sans rappeler l’univers d’Hubert Selby Jr ou de Bruce Benderson. La tendresse, la sensibilité, l’acuité du regard de David Wojnarowicz dévoilent son talent dans toute sa grâce.
David Wojnarowicz a capturé la voix immémoriale des rues, celle du vagabond, du marginal, du voleur, de la putain, la voix entendue dans le Paris de Villon, la Rome de Pétrone. Ouvrez ce livre et écoutez.
William Burroughs